mardi 18 octobre 2011

Une journée typique sur le Marion Dufresne / A typical day on the Marion Dufresne

7h30, le réveil sonne. Je me lève et descends à la salle à manger pour
le petit-déj'. Je vais ensuite rejoindre Thibaut, Franck et Maxime à la
passerelle pour les observations des oiseaux marins. Nous observons
ces charmantes bestioles et nous les comptons à raison de 10 minutes
par heure. L'un de nous surveille un quart de cercle qui part de la
proue et fait un angle de 90°C sur tribord. Il note alors les oiseaux
qui passent dans un rayon de 300 mètres du bateau. Puis à la fin des
10 minutes, il va à la poupe compter ce que l'on appelle les espèces
suiveuses. Un autre de nous note pendant ce temps différents
paramètres sur le bateau (son activité, sa vitesse et sa direction),
sur la météo, et les conditions en général (température de l'eau, de
l'air, force et direction du vent, précipitation, couvert nuageux...),
obtenus sur les différents écrans de contrôle de la passerelle. Pour
nous, c'est souvent la première fois que l'on a la chance d'observer
ces oiseaux du grand sud. Nous sommes passés d'un assemblage d'oiseaux subtropicaux comme le paille-en-queue à des espèces subantarctiques.
Au fur et à mesure de notre progression vers le sud, nous avons
commencé à voir pétrels, albatros, puis prions, pétrels géants,
pétrels plongeurs et skuas. Pendant ces comptages, nous notons
également la présence de mammifères marins s'il y en a. A la Réunion,
nous avions eu la chance de voir des baleines à bosse sauter d'assez
près, et quelques cachalots mais d'un peu plus loin. Depuis, les
observations de cétacés ont été assez pauvres: tout juste quelques
rorquals de loin.
11 h, une annonce retentit: « Votre attention s'il vous plaît, premier
service du déjeuner, bon appétit ». C'est l'heure pour ceux qui sont
du premier service comme moi de descendre déjeuner (et il faut avouer
que l'on mange très bien!). Après, nous reprenons notre poste à la
passerelle pour aller voir et compter les piafs (puisque nous devons
le faire du lever au coucher du soleil). Pendant les 50 minutes
séparant les observations, nous nous occupons à différentes activités:
séances photos, trier les photos, bouquiner, faire des petites siestes
à tour de rôle, regarder des films et présentations...
En milieu de journée, nous rentrons en station (nous nous arrêtons)
pour les manips océanographiques. Il s'agit par exemple, d'envoyer des
rosettes CTD (Conductivity Temperature Depth) à l'eau qui servent à
échantillonner la colonne d'eau ainsi qu'à mesurer différents
paramètres physico-chimiques de la masse d'eau grâce à différents
capteurs embarqués. Différents programmes traitent différentes
problématiques. Pour n'en citer qu'une, l'un d'entre eux quantifie
certains éléments radioactifs naturels, ce qui permet de connaître
l'âge des masses d'eau rencontrées.
Vers 18 heures a lieu la dernière observation du jour; le coucher de
soleil a lieu dans l'heure. Seulement quand il fait trop noir pour
voir les oiseaux nous quittons la passerelle pour aller faire un peu
de sport. Les calles étant vides pendant les campagnes
océanographiques (lors des rotations « normales » on y entrepose les
malles et containers), un terrain de badminton a été installé, et il y
a également un terrain de basket. Nous jouons généralement quelques
matchs avant d'aller manger. Certains d'entre nous préfèrent la salle
de sport où il y a un tapis pour courir, deux vélos, un rameur et un
banc de muscu. Après une douche rapide, c'est déjà l'heure de manger.
L'annonce est diffusée: « Votre attention s'il vous plaît, deuxième
service du dîner, bon appétit! ». Nous allons manger puis généralement
la soirée se poursuit au bar. Certains optent pour les parties animées
de babyfoot, d'autres pour de plus calmes parties de tarot ou autres
jeux de cartes. De temps en temps, il y a également des projections de
films dans la salle de conférence. Il est maintenant minuit, je
rejoins ma cabine et vais me coucher, bercée par les vagues.

7.30 am, the alarm clock rings and I wake up. I go get breakfast
downstairs before joining Thibaut, Franck and Maxime on the bridge
where we observe marine birds. We ID and count them during 10 minutes
every hour. One of us watches birds in a quarter of a circle going
from the bow of the boat to the starboard side and writes down
all the birds found in a 300-meter radius. At the end of the 10
minutes, one goes to the stern of the boat to count the species
following the ship. In the meantime, another one of us writes down
different parameters regarding the ship (its activity, speed, and
direction), the weather and general conditions (air and water
temperatures, wind strength and direction, precipitation, cloud
cover...), that we can find on different screens on the bridge. For us,
it's often the first time we're lucky enough to observe some if not
most of the bird species we see. We went from a subtropical bird
assemblage, to a subantarctic one. As we go south, we begun to see
different species of petrels, and then albatrosses, then prions, giant
petrels, diving petrels and skuas. During those counting sessions, we
also record the presence of marine mammals. In Reunion Island, we got
really lucky as we observed humpback whales jumping out of the water,
pretty close to us. We also saw some spermwhales farther away. Ever
since this moment, the observations of cetaceans have been scarced. We
only saw a few whales (rorquals) that were quite far away.
11 am, one can hear the announcement inviting us to go get lunch:
«Your attention please, first lunch service, enjoy your meal! ». I
have to admit, the food here is really good! After lunch, we go back
to the bridge and resume our bird counts (since it needs to be done
from sunrise to sunset). During the 50 minutes lefts after the count,
we have different activites: photo sessions when birds are close
enough, sorting out our photos, reading, taking naps, watching movies...
At mid-day, the boat stops. It's time for the oceanographs on board to
get their work done. They send CTD (Conductivity Temperature Depth
recorders) rosettes, for instance, to sample the water column at
different depths and measure at the same time a bunch of parameters.
Different programmes study various problematics. To quote only one of them,
some scientists quantify natural radioactive elements, which allows
them to know the age of the water masses encountered.
Around 6 pm, the last observation of the day takes place and sunset
happens within an hour. When it's too dark to see anything, we leave
the bridge to go get some exercise. The holds being empty during the
oceanographic cruises (usually, during « normal » trips, they are full
of boxes and containers), a badminton court had been set up. There is also a
basketball court. We play a few games before dinner. Some of us like
going to the fitness « center » better where there are bikes, a
conveyor belt to run, and body-building machines. After a quick
shower, it's already time to eat. We hear the usual announcement:
« Your attention please, second dinner service, enjoy your meal! » We
usually eat and end up at the bar. Some play table football and some
play cards. From time to time there are movies to watch in the video
room as well. It's now midnight, I go back to my cabin and go to bed
rocked by the waves.

Le Marion à quai à la Réunion / The Marion in the harbor, in Reunion Island

 Grand albatros / Wandering albatros

Sur le Marion / On the Marion

dimanche 16 octobre 2011

46°25'S, 51°53'E - escale rapide à Crozet / 46°25'S, 51°53'E - Crozet, touch and go

Samedi 15 octobre - brève escale à Crozet.
Après le repas de midi, nous montons à la passerelle pour découvrir les premières terres que nous pouvons voir depuis que nous avons quitté la Réunion: l'Île de l'Est, et l'Île de la Possession la plus grande des 5 îles de Crozet (145 km2), d'origine volcanique. L'archipel de Crozet, découvert par une expédition française en 1772 par Marion Dufresne, accueille une base permanente, Alfred Faure, qui a été construite en 1963, dans le but de mettre en place des études scientifiques à long terme. Il faut dire que Crozet a une importance capitale pour les espèces aviaires; c'est l'île des TAAF où l'on rencontre la biomasse la plus importante d'oiseaux marins (60 tonnes au km2). L'archipel comprend également l'Île aux Cochons, l'Île des Pingouins et les Îlots des Apôtres. Les conditions sont assez bonnes, mais des nuages et de la brume nous cachent en partie les îles. Tout le monde est soit à la passerelle, soit à l'avant du bateau pour observer ces paysages à couper le souffle qui rompent la monotonie du quotidien sur le Marion Dufresne. Les côtes sont très découpées et c'est magnifique. Au fur et à mesure que nous nous approchons de l'île, nous pouvons voir de nouvelles espèces d'oiseaux, comme le goéland dominicain, les sternes, et les cormorans de Crozet, endémique de l'archipel ainsi que des îles Prince Edward et Marion (que l'on peut donc ne voir que là ce qui rend les observations encore plus intéressantes). D'autres oiseaux nous accompagnent: albatros fuligineux à dos clair, damiers du cap, pétrels plongeurs, prions, pétrels géants subantarctiques, albatros à tête grise... Nous longeons maintenant la côte de la Possession et nous pouvons apercevoir les sommets enneigés de l'île (1050 m pour le point culminant, le Mont Marion-Dufresne), la base, un cratère. Nous observons quelques
cascades, dont certaines, à cause du vent, donnent l'impression de couler vers le haut! Et puis apparaissent les manchotières, que l'on voit pas trop mal aux jumelles, en particulier celles de manchots royaux. Mais il y a également des colonies de gorfous et cormorans que l'on entre-aperçoit régulièrement. Le cri des albatros fuligineux, qui nichent dans les falaises en face de nous, ressemble à un râle et se fait entendre de plus en plus clairement. Nous approchons de la Baie du Marin. Le bateau mouille et le zodiac est mis à l'eau par le second et un des lieutenants. Ils chargent alors des bagages dans le zodiac et font un premier aller avec Pierre, l'OPEA (responsable des opérations portuaires). On peut voir le tracteur descendre vers la plage, il servira à monter les bagages, entre autres, à la base. Quelques habitants de la base descendent pour accueillir les nouveaux venus. Sur la plage, on peut voir aux jumelles des énormes éléphants de mer, les pachas (gros mâles) qui surveillent leur harem et se traînent lourdement sur terre. Déjà d'aussi loin c'est impressionnant, alors je n'imagine même pas l'impression que l'on doit avoir de près! Le zodiac revient avec le gérant postal qui tamponnera le courrier posté à bord. Le médecin du bord embarque sur le zodiac pour débarquer voir son collègue médecin de la base Alfred Faure. Deux personnes descendent également plus tard pour aller faire une opération de maintenance de la station marégraphique. Et puis, finalement, après une autre tournée de bagages, c'est l'heure pour nos 6 camarades crozétiens d'aller mettre le pied sur leur caillou: Franck (et oui, nous perdons encore un membre de notre petite « famille » de Chizé, ne restent maintenant que Thibaut, Max et moi), Paul (l'Oursin de son surnom, car il a marché sur une de ces bestioles dans le port à la Réunion la nuit de notre arrivée car sa sacoche d'appareil photo était tombée à l'eau...!), Gildas (du labo de Strasbourg et qui bossera sur les manchots royaux) qui partent tous les 3 en hivernage, puis Yves Cherel (chercheur de Chizé), François (chercheur de Strasbourg) et Paul (un thésard de Chizé également, qui va bosser sur les orques) qui feront une partie de la campagne d'été. Ils descendent l'échelle en bois, attachés par un harnais, pour atterrir dans le zodiac. Heureusement, la houle est faible et facilite les choses; autrement, ce serait plus sportif! D'ailleurs, apparemment, il est vraiment rare de rencontrer des conditions aussi bonnes dans le coin! Au revoirs, derniers signes de la main, le zodiac s'éloigne, on le suit aux jumelles entre deux photos. Nous ne les voyons pas débarquer car des rochers nous cachent la partie de la plage où ils mettent pied à terre, mais on peut facilement deviner leur joie. D'autant plus que les hivernants de la base leur ont apparemment réservé un bon accueil: les gars s'étaient mis en costard et les filles en tenue de soirée pour l'occasion. On leur souhaite tous bonne chance, bon hivernage (ou campagne d'été) et bon vent! En espérant avoir des nouvelles bientôt et les revoir au retour en métropole. Peu après, le zodiac revient et amène un océanographe faire des prélèvements d'eau dans la baie. Pendant ce temps, nous finissons de photographier l'île et la base sous toutes leurs coutures, ainsi que les oiseaux qui passent à proximité. Quelques manchots royaux curieux viennent parfois pas loin du bateau, c'est la première fois pour nous que nous les voyons d'aussi près. On ressent un petit pincement au coeur de voir les amis partir, l'impatience que notre tour arrive enfin (mais bon, ce ne sera maintenant plus très long, puisque nous devrions être à Kerguelen d'ici 4 jours), un mélange de fierté d'avoir fait le chemin jusque là déjà, d'autant plus que l'on commence vraiment plus à réaliser ce qu'il va nous arriver en regardant les autres partir et une petite frustration de ne pas avoir pu mettre pied sur ces terres incroyables, même brièvement. Le seul regret que l'on a est de ne pas avoir eu la chance de rencontrer les orques qui se baladent souvent près de Crozet. 16h30, nous repartons. Pendant un moment, nous longeons l'Île de l'Est, dont les sommets sont drapés dans d'épais nuages. Quelques arcs-en-ciel apparaissent sur notre passage. Les passagers s'accumulent sur bâbord pour prendre les dernières photos puis de retournent à leur manip et activités. Nous reprenons nous aussi nos observations ornithologiques. Bientôt, la terre disparaît; la prochaine étape sera « la bonne »: Kerguelen! Ce soir là nous allons tous nous coucher tôt pour nous remettre de nos émotions, fatigués par la fête de la veille pour le départ des collègues et l'après-midi passer dans le froid (3-4°C mais avec un vent qui ne nous aide pas à nous réchauffer), mais avec des belles images dans la tête.

Saturday 15th of October - brief stop in Crozet. 
After lunch, we all go to the bridge to discover the first land we could see since we left Reunion Island: East Island, and Possession Island, the biggest of all 5 Crozet volcanic islands  (145 km2). The Crozet archipelago, discovered by a French expedition in 1772 by Marion Dufresne, hosts a permanent base, Alfred Faure, built in 1963 in order to establish long-term scientific studies. Let's point out that Crozet is very important for birds species; it's the island of the French Southern and Antarctic Lands with the highest bird biomass (60 tons per km2). The archipelago is also comprised of Pigs' Island, Penguins' Island and Apostle Islets. The weather is quite nice, but some clouds and fog prevent us from seeing parts of both islands. Everybody's on the bridge, or at the bow of the boat to enjoy the breathtaking landscapes, which break the monotony of the everyday life on the Marion Dufresne. The coasts are ragged and it's beautiful. As we approach Possession Island, we can see new species of birds, like kelp gulls, terns and Crozet shags endemic from the archipelago on the Prince Edward and Marion Islands (we can thus only see them here, which makes the observations even more interesting). Other birds fly past: light-mantled sooty albatrosses, cape petrels, diving petrels, prions, Northern giant petrels, grey-headed albatrosses, wandering albatrosses... We now follow the coast of Possession Island and we can see the snow-covered mounts of the island (1050 m is the height of the Mont Marion-Dufresne, the highest point of the island), the base, a crater. We watch a few waterfalls looking like they're flowing upwards because of the wind! Then, the first penguin colonies appear; we can see them kinda well with our binoculars, especially the king penguins' colonies. There also are some crested penguins' and shags' colonies, but they are a bit harder to see from that far. The song of the sooty albatrosses that nest in the cliffs in front of us sound like a rattle, which gets clearer and clearer. We get close to Baie du Marin. The boat drops anchor and the zodiac is lowered to the water with the second-in-command and one of the lieutenants on board. They load luggage on board and drop them off on the island with Pierre (the port operation manager). We can see the tractor going down to the beach, it'll be used to take the luggage to base. Few inhabitants of the base come host the people who are going to join them. On the beach, we can see with our bins huge bulls (breeding male elephant seals) watching their harem and walking clumsily on land. From where we stand it already is impressive, so I can't imagine the feeling one must have when being closer to those animals! The zodiac comes back with the post office manager who will stamp the leters posted on board. The doctor of the Marion Dufresne also does get to go on land to meet his colleague on base. Two other people go to the island to service the tide-recording station. Then, finally, after another round of luggage, it's time to for our 6 « Crozet friends » to set foot on their rock: Franck (we're losing one more member of our little « Chizé family », now it's only Max, Thibaut and I left), Paul (The Urchin is his nickname because he stepped on a urchin in the harbor in Reunion Island because he was trying to get back his camera case that had fallen in the water...!), Gildas (from the lab in Strasbourg, who will work on king penguins) who are all over-wintering, and Yves Cherel (researcher in Chizé), François (researcher in Strasbourg) and Paul (Phd student from Chizé as well, he'll work on killer whales) who will do part of the summer campain. They climb down the ladder to get on the zodiac, attached by a harness. Fortunately for them, the swell isn't very developed, which makes things so much easier. Apparently, it is really rare to have such good conditions in this site! We say and wave goodbye, the zodiac moves away, we follow it with the bins when we're not taking photos. We can't see them get on land 'cause some big rocks are in the way but we can only imagine how happy they are. Plus the guys of the base give them a warm welcome: men wear tux and ladies wear nice dresses to celebrate the moment. We wish them all good luck, good over-wintering period (or summer campain), and good speed! And we hope to receive news from them soon, and see them back in France when they are back. Soon after, the zodiac comes back and takes onboard an oceanographer who needs to take water sample in the bay. In the meantime, we finished taking photos of the island and the base from every possible angle and of the birds flying past, close to us. A few curious king penguins come take a look at us, and they sometimes appear close to the boat; it' s the first time for us we see those birds in real life! Our heart misses a beat when we see our friends go, but we also feel impatient to finally get our turn (but well, it won't be much longer now, since we should be in Kerguelen in about 4 days), a mix of pride to have come that far already (and especially because we're realizing what is gonna happen to us when seeing the others leave) and a bit of frustration to not have been able to get on this wonderful island, even quickly. At the end of the day, the only regret we have is to not have seen the killer whales inhabiting Crozet's waters.4.30 am, we're leaving. For a while, we follow East Island, which summits are hidden in thick clouds. A few rainbows appear on our way as well. The passengers all stay on the port side to take their last photos before resuming their experiments and activities. Soon enough, there's no more land in sight; the next step will be « the one »: Kerguelen! Tonight, we all go to bed early to recover for our emotions, tired because of yesterday's party to say goodbye to our friends and because of the fact that we spent all afternoun in the cold (3-4°C but with a cold wind that didn't help us warming up), but with beautiful memories on our minds.

Arrivée à Crozet - Ile de la Possession / Arrival in Crozet - Possession Island
Arrivée à Crozet - Baie du Marin / Arrival in Crozet - Baie du Marin
Crozet - Base Alfred Faure
Crozet - Ile de l'Est / Crozet - East Island
Arrivée à Crozet - débarquement de nos collègues / Arrival in Crozet - disembarkation of our colleagues

vendredi 14 octobre 2011

L'entrée dans les quarantièmes rugissants / Roaring forties, here we come!

Le 13 octobre, vers 19h, nous avons passé le quarantième parallèle
sud. Nous sommes donc entrés de plein fouet dans les fameux
quarantièmes rugissants. On note pas mal de changements par rapport au
début du voyage. D'abord, la température de l'air a beaucoup baissé
(5-8°C contre 20°C à la Réunion). Ensuite, il a commencé à faire moche
(pas mal de pluie surtout hier matin et hier soir). Mais la grosse
différence c'est que ça bouge beaucoup plus. Certains d'entre nous
n'ont pas réussi à dormir la nuit dernière (il faut dire qu'on avait
50 noeuds de vent, l'équivalent de 10 sur l'échelle de Beaufort, pour
ceux à qui ça ne parle pas, c'est l'équivalent d'une tempête), les
affaires qui n'étaient pas bien attachées avaient la fâcheuse tendance
à se balader à travers la cabine en faisant du boucan. Et puis le
bateau craquait régulièrement en se cognant aux vagues qui forment
parfois de véritables murs d'eau. Le roulis nous faisait aussi bouger
d'avant en arrière dans nos couchettes! La journée, il est
spectaculaire de voir les gerbes d'eau jaillir de chaque côté du
bateau. Certains creux sont importants (jusqu'à 5-6 mètres cette
fameuse nuit), et le nez du bateau passe régulièrement au-dessus de la
ligne d'horizon. La température de l'eau a également chuté mais elle
reste quand même encore vers les 14-15°C. Une baisse drastique devrait
se ressentir bientôt. Au niveau des espèces d'oiseaux également nous
notons des différences. Nous avons commencé à voir des concentrations
d'espèces plus importantes et certaines nouvelles espèces (albatros,
prions, pétrels géants...). Quand je pourrais, je mettrais des photos
en ligne, mais pour l'instant, étant sur le bateau, les emails que
nous pouvons envoyer sont très très limités en taille de pièce jointe.
En attendant, je vous laisse utiliser votre imagination!

On October, 13th around 7 pm, we crossed the 40th parallel
of the Southern Hemisphere. We thus arrived in the famous roaring
forties. We saw a bunch of changes compared to the beginning of the
trip. First of all, air temperatures have decreased a lot (5-8°C now,
whereas we had 20°C in Reunion Island). The weather has also started
to deteriorate (a lot of rain yesterday morning and evening). But the
biggest difference is that it moves much more. Some of us couldn't
sleep last night (I have to say the wind was blowing at 50 knots,
which is the equivalent of 10 on the Beaufort scale; for the ones who
aren't familiar with that, it's the equivalent of a storm). The bags
and stuff that weren't properly secured moved around in the cabin
making a lot of noise. And the boat hitting waves also made a lot of
noise. Plus the boat rolled a lot, which made it uncomfortable to lay
in bed! Durin the day, it's quite spectacular to see water rushing
against the sides of the boat. The sea was quite rough (waves of 5-6
meters high during the night). The nose of the boat regularly crosses
the horizon. Water temperature has dropped as well, but is still
around 14-15°C. A more drastic change should be observed soon.
Regarding bird species, we also note some difference. We started to
see more important concentrations of birds and new species (albatrosses,
prions, giant petrels...). When I can, I'll put photos online, but for
now, being on the boat, the emails I can send can only have very small
attached files. So I'll let you use your imagination in the meantime!

vendredi 7 octobre 2011

Séminaire des hivernants / Seminar for overwintering personnel


Nous venons d'achever une petite semaine de séminaire à Brest. Pour l'instant, je manque de temps mais je vous en reparlerai bientôt, promis (dès que j'ai le temps de me poser un peu pour écrire un article). Mais pour l'instant, il s'agit de vous tenir au courant de notre retard. Pour résumer l'enchaînement de nos péripéties, notre vol Paris-Réunion a été annulé (et tous nos baguages n'étaient pas récupérés à l'issue du vol Brest-Paris...) donc nous sommes obligés de passer la nuit à Paris. Notre vol devrait partir tôt demain pour nous permettre de débarquer à la Réunion demain soir. Le Marion partira sûrement le jour d'après. Autant dire que ça commence bien! En attendant de vous donner des nouvelles plus détaillées , je vous joins quelques photos du séminaire.

We just finished a week-long seminar for overwintering personnel in Brest. For now, I'm running out of time to tell you more about it, but I promise, I'll tell you more soon! To sum up the series of recent events, our flight from Paris to Reunion Island has been cancelled (and not all of our luggage checked in on the flight from Brest to Paris arrived at destination...) so we have to spend the night in Paris. Our flight should be re-scheduled tomorrow morning and should allow us to reach Reunion Island tomorrow night. The Marion Dufresne should leave the day after. Not an easy start, but we'll see how it goes. I wanna give you more news, but in the meantime, here are some photos taken during the seminar.


Les hivernants de tous les districts / People overwintering in all locations


Les hivernants de Kerguelen / People overwintering in Kerguelen

mardi 4 octobre 2011

Kerguelen


Voici une petite présentation des Kerguelen pour que vous vous fassiez une idée plus précise du contexte dans lequel nous allons travailler. Il s'agit d'un des 5 districts des Terres Australes et Antarctiques Françaises, les 4 autres étant la Terre Adélie, Crozet, Amsterdam et Saint-Paul. Cet archipel d'origine volcanique se trouve dans le Sud de l'Océan Indien et se situe dans un triangle entre l'Afrique du Sud, l'Antarctique et l'Australie. Pour être plus précise, il est situé à 2000 km de l'Antarctique, 3400 km de la Réunion, et 4800 km de l'Australie. On y accède uniquement par bateau, en particulier par le Marion Dufresne dont j'ai déjà un peu parlé. Les terres les plus proches sont les îles de Crozet à l'ouest, Saint-Paul et Amsterdam au nord-est et les îles australiennes Heard et Mac Donald au sud-est.L'île principale des Kerguelen, la Grande Terre, fait presque la superficie de la Corse, ce qui en fait la plus grande des îles subantarctiques françaises. 300 îles et îlots complètent l'archipel. Le point culminant des Kerguelen est le Mont Ross avec ses 1850 mètres; il y a également la calotte glaciaire Cook à l'ouest de la Grande Terre. Niveau climat, pour répondre à quelques questions qui m'ont été posées, il est plutôt froid, venteux et océanique. Le temps change vite et les températures descendent rarement sous zéro, surtout l'été (l'hiver dans l'Hémisphère Nord!) mais on peut avoir une ressenti de température négative à cause du vent et de l'humidité. Les précipitations, sous forme de neige ou pluie, sont fréquentes toute l'année. Mais bon, je vous en dirai plus quand j'y serai! Il n'y a pas d'habitants permanents sur l'île, juste une base scientifique à Port-aux-Français. La découverte de l'archipel remonte à 1772 et est attribuée au navigateur français Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec, qui n'a pourtant jamais posé le pied sur l'île. Les Kerguelen prendront alors le nom de archipel de la Désolation. Quatre ans après, elle sera "redécouverte" par Jamas Cook. En 1893 les Kerguelen deviennent officiellement françaises et la même année, les Frères Bossière, armatateurs au Havre, obtiennent du gouvernement français des concessions de 50 ans sur les 3 îles subantarctiques. Ils ont alors le droit absolu de chasser les otaries et éléphants de mer, de créer des établissements de pêche et de commerce, ainsi que d’exploiter les ressources minières. Un élevage de mouton, à l’image de celui des Falklands, est également envisagé. L'installation d'une station baleinière suit. Elle est opérationnelle en 1907, mais celle-ci est abandonée en 1922 suite à la disparition quasi-totale des grandes baleines à proximité des Kerguelen à cause de la surexploitation. Une autre problématique que l'exploitation des espèces de mammifères marins sur l'île est l'introduction d'espèces invasives. Accidentellement ou volontairement, les hommes ont amené sur l'île différentes espèces d'insectes, de mammifères et de plantes. Les chats, les lapins, les rats, et les rennes, entre autres, ont alors commencé à menacer les espèces locales et parfois même endémiques (qui ne sont trouvées qu'à cet endroit). Des campagnes d'étude ou d'éradication ont et sont encore pour cartains animaux en cours pour résoudre ce problème. En effet, comme ses soeurs, Crozet, Amsterdam et Saint-Paul, cet archipel possède une grande biodiversité qu'il est important de conserver. En 1950, la création de la base de Port-aux-Français permet la mise en place d'études scientifiques à long-terme. Depuis, des gens de différents corps de métiers partent en hivernage chaque année (scientifiques, cuisiniers, médecins, mécaniciens, militaires, chef de district...). Ainsi, 50 à 120 personnes environ sont présentes sur place, en hiver et en été respectivement. Depuis, la seule activité sur l'île est la recherche scientifique. En 2006, l'archipel des Kerguelen est inclus, avec les autres îles françaises subantarctiques, dans la Réserve Naturelle des TAAF. Et pour finir, j'évoquerai aussi le fait que quelques touristes, qui paient très cher pour pouvoir prendre place à bord du Marion Dufresne, peuvent descendre à terre lors des escales dans les districts desservis pour découvrir la faune et la flore locale. Ce tourisme reste très limité (10-15 places par an) afin de restreindre l'impact de dérangement sur les populations locales; alors, pourquoi pas, si vous économisez pour vous payer le voyage? J'espère que cet article n'est pas trop fastidieux, mais je trouvais important de parler un peu plus de l'archipel sur lequel je m'apprête à passer six mois!
 
Here is a brief presentation of Kerguelen so you can have an idea of the context in which I'll be working. It is one of the 5 French Southern and Antarctic Lands; the 4 others being Adélie Land, Crozet, Amsterdam and Saint-Paul. This archipelago is situated in the Southern Indian Ocean, in a triangle between South Africa, Antarctica and Australia. To be more precise, it is located about 1240 miles from Antarctica, 2100 miles from Reunion Island (a French Island near South Africa) and 2980 miles from Australia. We can only get there by boat, and espceially with the Marion Dufresne, the French research vessel I talked about in a previous article. The closest islands are Crozet in the West, Saint-Paul and Amsterdam in the North-East and the Australian Island of Heard et Mac Donald in the South-East. The main island of the archipelago is called la Grande Terre; to give you an idea it covers an area a bit bigger than the state of Delaware, which makes it the biggest French subantarctic territory. There are about 300 other islands and islets. The highest point of Kerguelen is Mount Ross, 6070 feet high. There is also the Cook glacier, on the western side of the main island. As far as weather is concerned, it is fairly cold, windy and oceanic. Weather can change really fast and temperatures barely drop below 32 degrees fahrenheit, but it's quite common to feel like it's way colder because of the wind and rain. Precipitations are often in the form of rain or snow and happen all year round. But I'll tell you more when I'm there! They are no permanent inhabitants on the island, just a scientific base in Port-aux-Français. The island was discovered in 1772 by the French navigator Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec, who didn't even set foot on the island. He called this archipelago Desolation Island. James Cook "rediscovered" it, 4 years later. In 1893, Kerguelen officially became French and that same year, the Bossière Brothers, shipowner in Le Havre in France, obtained the right to manage the exploitation of the 3 French subantarctic islands for 50 years. They then had the absolute right to hunt for fur and elephant seals, to create fisheries and businesses and to build mines. They also wanted to breed mountain sheeps, like in the Falkland Islands, but gave up the idea after unsuccessful trials. Whalers also came and started living on the island in 1907 but the Port Jeanne d'Arc Station was deserted in 1922 after the quasi extinction of the big whales of the Kerguelen waters due to overexploitation. Another problematic on the island is the introduction of invasive species. Whether on purpose or not, men have brought with them different species of insects, plants and mammals. Among others, cats, reindeers, rabbits and rats still threaten local and sometimes endemic (which are only found in this location) species. Eradication campaigns and studies did take place and are still going on for some of them to solve this problem. Indeed, Kerguelen possesses a high biodiversity, just like Crozet, Saint-Paul and Amsterdam, that is to be protected. In 1950, the creation of the scientific base of Port-aux-Français allowed the setting up of long-term scientific studies. Ever since, people of different kinds of occupations come over-winter every year (scientists, cooks, doctors, mechanics, people from the army...). Thus, around 50 to 120 people live on site, in winter and in summer respectively. The only activity allowed on the base ever since it was created is scientific research. I also need to mention that since 2006, Kerguelen Islands are part of the French Southern Lands' Protected Area. The last thing I'd like to tell you about is tourism. A few tourists spend a lot of money every year to come on board the Marion Dufresne and set foot on the different islands and discover the local fauna and flora. This activity is very limited (something like 10-15 people a year) in order to protect the fragile ecosystem and limit the impact on local populations. So why not, if you manage to save enough money? I hope this article wasn't too boring but I thought it was important to talk about the place where I'll end up spending six months in in more details!    
 

Kerguelen dans les TAAF / Kerguelen in the French Southern and Antarctic Lands

Carte de Kerguelen / Map of Kerguelen
 

Suivre le Marion Dufresne en direct ! / Follow the Marion Dufresne in live !

Comme vous le savez sûrement maintenant, mon périple aux Kerguelen va commencer par à peu près une semaine sur le Marion Dufresne, de la Réunion à mon archipel, en passant par Crozet. Alors, voilà, si vous êtes un peu curieux, un lien qui vous permettra de voir exactement où je suis pendant ce voyage! Quand vous arriverez sur la page de ce lien, il vous suffira de cliquer sur "les positions du Marion Dufresne et de l'Astrolabe" dans la colonne de droite et vous serez redirigés vers Google Map!

As you probably already know by now, my travel to the Kerguelen Islands will start by about a week on a French research vessel, the Marion Dufresne. We'll leave Reunion Island, and stop in the Crozet Archipelago first. So, if you're a bit curious, here is a link that will allow you to follow me during this trip! When you click on this link, you'll be on a page in French, just click on "les positions du Marion Dufresne et de l'Astrolabe" at the bottom right and you'll be redirected to Google Map.

Pour me contacter là-bas / To get in touch with me over there

Bon, comme vous le savez, nous avons passé l'âge de pierre, il y aura donc internet sur mon caillou perdu au milieu de l'Océan Indian Sud. Mais il faut quand même préciser qu'internet là-bas est en grande partie limité à la messagerie. J'essaierai de vous faire passer des nouvelles soit par un blog qui se gère par email (donc différent de celui-là, désolée!! mais ne vous inquiétez pas, je mettrai un lien sur ce blog et puis je rapatrierai tous les articles une fois mon retour en métropole quand mon accès ne sera plus limité!), soit en faisant passer les articles et photos par email à quelqu'un qui les mettra en ligne (ce n'est pas encore décidé, mais je vous tiendrai au courant). Bref, tout ça pour dire que je vous donnerai des nouvelles d'une manière ou d'une autre, et qu'en retour, cela me fera très plaisir de recevoir des vôtres. Alors voilà, mon adresse pour me joindre là-bas sera: ecampras@kerguelen.ipev.fr. Donc pendant la durée de mon séjour, oubliez Hotmail, Gmail et Facebook, puisque je n'aurai pas accès à ces sites jusqu'à mon retour et envoyez moi des messages sur l'adresse de l'IPEV. Bon, et puis, les emails c'est bien beau, mais vous pouvez aussi m'envoyer du courrier (eh oui, j'en ai de la chance!!!). Bon, ok, il faut s'y prendre en avance, et faire quelques calculs, mais si tout va bien, il y aura 4 occasions pour vous de m'envoyer lettres ou colis (c'est encore mieux! ;-)...); en effet, le Marion Dufresne s'arrêtera 4 fois à Kerguelen pendant mon séjour. Il faut donc que ce que vous voulez envoyer arrive avant le départ du bateau de la Réunion, sinon le courrier arrivera à la rotation suivante. En gros de France à la Réunion, le courrier devrait mettre entre 7 et 10 jours environ. Pour vous éviter les calculs, je vous donne les dates avant lesquelles le courrier devrait partir de France (en comptant 10 jours de transit pour le courrier depuis la France):
- le 20 novembre (pour une arrivée le 13 décembre sur Kerguelen)
- le 18 décembre (pour une arrivée le 8 janvier sur Kerguelen)
- le 14 janvier (pour une arrivée le 26 février sur Kerguelen)
- le 4 mars (pour une arrivée le 3 avril sur Kerguelen).
Mon adresse là-bas sera la suivante (à respecter scrupuleusement sinon ça risque de ne pas arriver):
"Mlle Elodie Camprasse
Base de Port-aux-Français
District de KERGUELEN
TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANCAISES
VIA LA REUNION"
Evidemment, il est inutile de vous dire que cela me ferait très plaisir de recevoir du courrier sur mon caillou à l'autre bout du monde donc à vos stylos!!! Et puis, en plus, je pourrai vous répondre et vous recevrez des jolis cartes, timbres et tampons. C'est collector!! Les philatélistes s'arrachent ces courriers, et il paraît même que certains facteurs les volent puisque ces courriers acquièrent une certaine valeur! D'ailleurs voici mon tampon, que j'ai fait fabriquer spécialement pour l'occasion. Il s'agit d'une tradition dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF pour les intimes): les hivernants se font faire un tampon personnalisé pour marquer leur passage dans ces districts! Alors, qu'est-ce-que vous en pensez? Ca en jette non?

As you know, we're past the Stone Age, so I'll have the internet on my island lost in the middle of the Southern Indian Ocean. But I need to tell you that it'll be mostly limited to our mailbox. I'll try to keep you posted on what I'm doing through a blog either manageable by emails (so different from this one, sorry about that! but when I'm back I'll put all the articles back on this one, don't worry), either by sending my articles and photos to someone who'll put them online (I'm not sure which option I'm gonna choose right now). Anyway, one way or the other, I'll give you some news. In return, I would really appreciate it if you wanna write to me. My email address over there will be the following: ecampras@kerguelen.ipev.fr. During my whole stay, just forget about Hotmail, Gmail and Facebook, since I won't have access to any of those sites until I come back; so send me messages on this IPEV address. Emails are nice, but you can also send me mail (I know, I'm lucky...!!). I know it's a bit complicated since it has to arrive before the boat leaves, but they'll be 4 occasions for you guys to send me letters (and packages...?). The Marion Dufresne will indeed be stopping 4 times on Kerguelen during my stay. The mail will leave from Reunion Island first and if the boat has left already, it'll be coming on the next trip. You should probably check how long the mail takes to go to Reunion Island online, but say, if it takes 15 days, you should write me before the following dates:
- 20th of November (for an arrival of the boat on December, 13th on Kerguelen Island)
- 8th of December (for an arrival of the boat on January, 8th on Kerguelen Island)
- 14th of January (for an arrival of the boat on February, 26th on Kerguelen Island)
- 4th of March (for an arrival of the boat on April, 3rd on Kerguelen Island).
My address will be the following (make sure you write it right, otherwise it might not get there!!):
"Mlle Elodie Camprasse
Base de Port-aux-Français
District de KERGUELEN
TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANCAISES
VIA LA REUNION"
Obviously, it is pointless to tell you I'll be very happy to receive mail from the other end of the world! And, in return, I'll send you nice postcards and stamped enveloppes, that you should probably keep as it is very valuable -  philateslists from all over the world really look for that kinda stuff. And I even heard that some mailmen steal them sometimes! Here you can see my own stamp. It's a tradition in this kind of territories for people who overwinter there to create a customized stamp to celebrate their stay in those isolated regions. So what do you think? Pretty cool, no?

Mon tampon perso / My personnal stamp


Chizé - que du bonheur! / Chizé - Happy Times!

Alors, voilà, presque deux mois de formation à Chizé, dans les Deux-Sèvres, s'achèvent. Une occasion pour nous de nous préparer à notre séjour là-bas - on appelle le labo la 5ème base des TAAF c'est pour dire!! Au final, on s'est plutôt bien plu ici. Ce contrat est aussi une façon de nous intégrer à l'équipe, que ce soit les autres VSC (Volontaires de Service Civique anciennement appelés VCAT pour Volontaires Civils à l'Aide Technique) ou bien les chercheurs pour lesquels on travaillera sur le terrain. Mes collègues (ou "personnes du travail" comme Maxime aime à nous appeler.. ;-)!!), je vous les présente, ils reviendront sûrement beaucoup dans ce blog: il y a Agnès, qui part en Terre Adélie, Maxime et Thibaut qui partent avec moi sur Ker, et puis Franck qui part à Crozet. Il y a aussi une 6ème personne, Jérémie, qui part à Amsterdam, mais qui malheureusement fera sa formation plus tard que nous car il partira sur une rotation plus tardive. Qu'est-ce-qu'on a fait pendant deux mois ici? Eh bien, on a appris à utiliser les équipements qui seront déployés sur certaines espèces sur le terrain, notamment des capteurs de température et intensité lumineuse, des GPS et des balises ARGOS. Il était aussi important pour nous d'apprendre la biologie des espèces sur lesquelles nous allons travailler; pour ça, pas de secret, il faut faire de la biblio! Pas le plus fun, mais bon faut passer par là pour aller se faire plaisir sur le terrain après! Nous avons eu aussi pas mal de présentations sur l'IPEV, les TAAF, la recherche dans les TAAF, les appareils que l'on utilisera... Plus un séminaire d'une journée, une formation escalade, quelques quiz d'identification des espèces que l'on va rencontrer et une séance de prises de sang sur des oiseaux pour se faire la main ou se ré-entraîner. En plus de tout ça, il y avait aussi la logistique et la paperasse. Un voyage au bout du monde, ça se prépare! Nous avons eu le droit d'envoyer jusqu'à trois grandes cantines métalliques pour un poids allant jusqu'à 120 kg (eh ouais, y'en a des veinards qui partent plus d'un an, il faut alors bien ça!!) et ça ne s'improvise pas! Il faut faire attention à ne rien oublier, car bien sûr, sur place, il n'y a pas de magasin, mais guère qu'une appro très limitée en stock! Il faut faire également les inventaires et tout et tout. Les malles de matériel scientifique y passent aussi. Le temps est donc passé très très vite! Environ 2000 euros de matos ou plus (eh oui, partir au bon du monde, ça a un coût aussi, malgré la dotation de l'IPEV), de la paperasse et la formation - bientôt une petite semaine de séminaire à Brest également - et nous sommes fins prêts pour le grand départ! Mais bon, là je parle boulot, mais faut dire qu'on s'est bien amusé à Chizé quand même: entre sorties ornitho pour aller entre autres compter les outardes et les oedicnèmes (je vous laisse utiliser notre ami Google si vous voulez savoir à quoi ressemblent ces charmantes bêtes...), sorties chiroptères (chiro pour les intimes, c'est-à-dire les chauves-souris – un grand merci à Emilie, Anthony et Miches entre autres ! c’était vraiment sympa de pouvoir observer ces petits mammifères de tout près), parties de volley (sauf pour les éclopés - Thibaut et moi ;-(....) ), parties de tarot, séances de mots croisés, films et soirées de départ (merci à Max, notre animateur de choc!! Et à tous nos danceurs qui y ont mis tout leur cœur !) et puis une petite ballade dans le Marais Poitevin (pour Franck, d'autres amis du labo et moi). J'en profite pour remercier les "amis du labo" qui nous ont supporté, nous qui parlions toujours de la même chose, les TAAF, au risque de devenir fatiguants! Alors merci pour ces rencontres et moments sympas!! On s’en souviendra, et j’espère qu’on pourra garder le plus de contacts possibles. Et puis, entre tout ça, on a aussi trouvé tous le temps de rentrer dans nos familles respectives pour les préparatifs pendant les week-ends, ainsi que les au revoirs. Et là, j'en profite pour remercier mes parents qui m'ont bien aidé à préparer le départ tant d'un point de vue financier, que pratique, émotionnel et autres! J'ai beaucoup apprécié votre aide!

So here we go, after almost two months of training contract in Chizé (West of France). It was a good occasion for us to prepare ourselves for our stay in the French Antarctic and Southern Lands (TAAF in French) - Chizé is even called the fifth base of the TAAF because it's quite isolated too! At the end of the day, I may say we were pretty happy here!  This contract was a way for us to start belonging to the team of volunteers (our exact title is VSC for Volontaires de Service Civique) and the researchers we'll be working for in the field. I'm gonna introduce my colleagues (and friends!) right away, 'cause I'll probably speak about them quite a lot: Agnès is going to Terre Adélie (this really is in Antarctica), Maxime and Thibaut leave with me for Kerguelen, and Franck is going to Crozet (another subantarctic island). There is also a sixth person, Jérémie, going to Amsterdam (the forth French subantarctic island with Saint-Paul), who will unfortunately begin his contract later since he'll leave on another rotation, later in the season. What did we do here for almost two months? Well, first of all we learned how to use the devices that will be deployed on some species in the field, especially Time-Depth Recorders, GPS, and Platform Terminal Transmitters (for satellite tracking). It was also important for us to learn about the biology of the species we'll be working with, and for that, we had to read articles. Not the funniest part, I've got to say, but well, we have to go through that to go have fun in the field! We also had a bunch of presentations about the Institut Polaire Paul-Emile Victor (IPEV, which is the institution hiring us), about the French Antarctic and Southern Lands, about the research carried out there, about the devices we'll use... On top of that, we had a one-day-long seminar, a climbing session, a few quiz games on species identification, and a demonstration and practice of blood sampling on birds. You think that was a lot? Well, we also had to fill paperwork and take care of the logistics. A journey to the other end of the world is definitely not something you can improvise! We could send up to three big metallic boxes for a total weight of up to 260 pounds (I have to say, my colleagues are lucky enough to leave for more than a year, so they definitely needed that much stuff!). We had to be careful not to forget anything because of course, in our respective bases there will be no shops (just a few very limited supplies); we also had to do the inventories and all that. And we had to take care of boxes of scientific gear, too. With all that, time went by real fast!! After about 3000 dollars worth of equipment and everyday products (and again, leaving to the other world of the end has a cost, even if the IPEV is providing us with some field equipment!), tons of paperworks and two months of training - also a week-long seminar in Brest, Britanny, coming up- we'll all set to go. But so far, I've only told you about work, but we had fun in Chizé, too! I'll particularly remember the ornithological field trips to count Little Bustards and Eurasian Thick-knee (I'll let you google it if you wanna know how those birds look like!), the bat field trips (special thanks to Emilie, Anthony and Miches! it was lovely to have a close look at those mammals (yes, they’re not birds!)), the volley-ball games (except the injured, Thibaut and I ;-(....), the card games, the crossword puzzles, the film viewing and go-away parties (special thanks to Maxime for injecting enthusiasm into them! And to all our dancers who really shook it up), and the boat ride in the Marais Poitevin (a place in France with a lot of canals where boating is very pleasant!) for Franck, some friends and I. I especially wanna thank our "friends from the lab" who put up with us all the time when we kept talking about one thing - the Antarctic and Southern Lands!! So thank you guys for those encounters and moments! You'll be remembered! And I truly hope we’ll stay in touch as much as possible! And finally, despite all that, we also all had time to go back to our families during the week-ends to pack up everything and spend last moments to say good-bye to friends and family. I'm taking this chance to thank mine, and especially my parents, who help me prepare everything (financially but also practically and emotionally!). That was much appreciated!

Le cru 2011-2012 / 2011-2012 prom'




Thibaut, Agnès, Franck, moi et Maxime (de haut en bas, de gauche à droite) à notre soirée de départ / Thibaut, Agnès, Franck, me and Maxime (from top to bottom and left to right) at our go-away party

 Sortie ornitho / Ornithological field trip


Soirée chiro / Bat field trip


Notre soirée de départ - ambiance de folie! / Our go-away party - people are on fire!